Le 20 Juin 2019, avec Multi’form, nous sommes allés dans l’Oise visiter la cathédrale de Beauvais et le village de Gerberoy.
La journée a mal commencé. Tout d’abord, le temps est très nuageux. Il tombe même quelques gouttes. Puis, on nous apprend que le car que nous devions prendre est en panne. Les autocars du Cambrésis nous affrètent un autre bus, conduit par Roger notre chauffeur attitré. Mais il ne peut contenir que 63 personnes alors que nous sommes 66. Alors on nous alloue une voiture supplémentaire avec chauffeur pour 3 personnes volontaires. Enfin, tout s’est finalement bien passé.
Le temps lui aussi s’est bien arrangé. Au fur et à mesure que nous arrivions vers l’Oise les nuages se faisaient de plus en plus discrets et l’après midi nous avons même eu un soleil radieux.
Nous partons de Caudry et Cambrai entre 7h et 7h30 pour une route sans histoire. Pendant le voyage, Joël, qui va s’absenter quelques semaines, nous présente son successeur Hervé qui va le seconder pour cette journée. Dans le bus, Hervé nous distribue les badges rouges et bleus pour les 2 groupes que l’on va former toute la journée. Nous prenons l’autoroute et comme d’habitude nous nous arrêtons sur une aire de repos pour la pause « hydraulique » et le petit déjeuner traditionnel : un croissant et une boisson.
Vers 9h45, nous arrivons sur une place près de la cathédrale Saint-Pierre et attendons nos guides. Elles arrivent et Jacqueline prend le groupe bleu alors que Odile prend le groupe rouge dont je fais partie.
Odile commence par nous parler de l’histoire de la ville de Beauvais.
On trouve des traces de fréquentation qui datent de 65000ans avant notre ère.
Dans cette vallée du Thérain affluent de l’Oise, Jules César a installé un camp pour ses légionnaires qui devient ensuite une ville gallo-romaine. De nombreuses fois détruite, elle se reconstitue et s’entoure de fortifications au IVè siècle dont il ne reste qu’un muret adossé à la collégiale Saint-Barthélémy et un peu plus loin une tour carrée. Un dallage spécial rouge a été posé pour signaler l’emplacement des remparts et des tours. A partir du IVè siècle, la région se christianise et les évêques deviennent très puissants .
Fondée en 1037, la collégiale Saint-Barthélémy s’appuie sur le rempart gallo-romain . Elle a été plusieurs fois détruite puis reconstruite, elle a été vendu comme bien national à la Révolution, a été reconvertie en maisons d’habitations et commerces puis redétruite par les bombardements de 1940.
Aujourd’hui, seul le chœur gothique élevé au 13è siècle est conservé.
Puis, nous nous dirigeons vers la cité épiscopale. Nous passons devant la plus ancienne maison de Beauvais. Construite en pans de bois et torchis et recouverte de tuiles plates, cette maison témoigne du paysage urbain qui environnait la cathédrale avant la destruction de la ville en 1940. Le quartier cathédral se composait alors de rues étroites bordées de maisons à colombages conférant à Beauvais cette image de cité médiévale appréciée des voyageurs du XIXè siècle.
En approchant de la Cathédrale Saint-Pierre, nous voyons un muret qui dessine au sol le plan de la tour César qui abritait probablement les cloches de la cathédrale pendant sa construction. Cette tour n’avait aucune ouverture au rez-de-chaussée. On y accédait par une passerelle tendue depuis le triforium de la cathédrale. On suppose qu’elle devait servir de prison. Après sa destruction et jusqu’en 1940 il existait à cet endroit des maisons d’habitation. Elles ont été détruites par un incendie et non rebâties pour donner plus de clarté et de lumière à cette place et au parvis de la cathédrale .
Odile nous montre d’abord ce qui reste de Notre Dame de la Basse-Oeuvre accolée à la cathédrale Saint-Pierre. Élevée aux alentours de l’an 1000, de style roman, elle est construite avec des pastoureaux, petites pierres cubiques de récupération provenant de bâtiments et de remparts gallo-romains. A partir du 13è siècle, elle est progressivement démantelée au profit de la construction de la cathédrale gothique. Pendant cette construction, son chœur a continué à servir les messes.
En 1225, l’évêque de cette époque décide de construire une nouvelle cathédrale de style gothique surpassant celle des villes voisines. Les voûtes du chœur atteignent une hauteur exceptionnelle et inégalée de 48m . Achevées en 1284, elles s’effondrent 12 ans plus tard nécessitant d’importantes restaurations. Le transept est construit au 16è siècle. Une tour lanterne de 110m de haut est érigée à sa croisée. Achevée en 1569, cette tour s’écroule 4 ans plus tard, le jour de l’Ascension !. Elle n’a jamais été reconstruite. Le transept est restauré au 17è siècle mais la nef n’a jamais été construite laissant la cathédrale inachevée. Au delà du mur qui ferme la nef se continue celle de Notre Dame de la Basse-Oeuvre.
A l’heure actuelle, la cathédrale est toujours un bâtiment très fragile face au vent et aux tempêtes. Malgré les nombreux arcs boutants qui entourent le bâtiment, il a fallu consolider l’édifice par des tirants métalliques intérieurs et extérieurs. Le bâtiment est toujours très surveillé. En 2006, des pierres se sont détachées et il a fallu une immense échelle des pompiers pour remettre en place le Saint Pierre à plus de 50m de hauteur.
Puis, nous nous dirigeons vers la maison des évêques dont la façade est une imitation du palais de Versailles. Nous n’avons pas pu entrer dans le jardin pas encore ouvert. Pour faire toutes ces constructions coûteuses, les évêques prélevaient de nombreux impôts. A une période, les gens de la ville se sont révoltés et l’évêque a dû se sauver dans sa maison d’été à quelques kilomètres de Beauvais. Avant d’y revenir, il a fait construire, devant son palais, 2 magnifiques tours de gué et de garnison orientée vers le centre de la ville aujourd’hui transformées en musée.
Puis, nous entrons dans la cathédrale. Ses dimensions nous surprennent : 48,50m de hauteur sous la voûte du chœur, 58m de largeur du transept. Les piliers qui soutiennent la voûte ont été doublés. Par contre le déambulatoire est très éclairé par de nombreuses ouvertures fermées par des vitraux anciens du 13è au 16è siècle et des créations modernes ce qui donne une certaine lumière dans le chœur.
Il est l’heure de passer devant l’horloge astronomique où nous nous installons pour écouter les explications données par vidéo.
Cette horloge a été construite entre 1865 et 1868 par un maître horloger de Beauvais et placée dans la chapelle Saint Sacrement en 1876. Elle a subi plusieurs restaurations dont celle de 2010 due aux poussières émises par le nettoyage de la façade Nord de la Cathédrale.
Elle compte environ 90 000 pièces mécaniques en acier et en laiton, 53 cadrans en émail dont 52 en façade, 63 automates et des sonneries. Le tout est actionné par un moteur principal et 14 moteurs secondaires. Le meuble mesure 12m de haut, 5,12m de large et 2,82m de profondeur. Au dessus de la galerie sculptée, une cinquantaine de petites fenêtres laissent apparaître des personnages représentant les peuples du monde et quelques notables de Beauvais de la fin du XIXè siècle. Les cadrans en façade donnent la mesure du temps dans l’Univers, le cycle solaire, le nombre d’or, l’heure sidérale, l’équation solaire, la déclinaison du soleil etc….Les 63 automates s’animent lors de la scène du Jugement dernier. Nous, nous n’avons vu que le vieillard sortir de son trou à 11h45 et le petit enfant à 12h . En effet tous les quarts d’heure voient un personnage sortir. C’est d’abord le petit enfant, puis l’adolescent, puis le guerrier et enfin le vieillard près de la mort. Nous avons vu aussi le coq battre des ailes. Nous étions situés un peu trop loin de cet objet pour pouvoir en apprécier les détails.
A côté de cette magnifique horloge, on peut voir aussi l’horloge médiévale qui fonctionne encore.
Nous ne pouvons pas prolonger notre visite, nous sommes attendus à Crillon au restaurant « la Petite France ». Le restaurant ne paie pas de mine mais nous y avons bien mangé :
◦ un kir en apéro
◦ en entrée un Bray picard fermier ( fromage) chaud sur salade de saison
◦ en plat un pavé de bœuf au poivre vert
◦ du fromage
◦ en dessert une omelette norvégienne flambée au Grand Marnier
◦ de l’eau, du vin rouge et un café
A 15h, nous reprenons le bus pour Gerberoy, plus beau village de France qui reçut en 1202 le titre de ville décerné par Philippe Auguste. Là nous retrouvons nos 2 guides Jacqueline et Odile.
Gerberoy est situé au centre d’un triangle formé par Beauvais, Rouen et Amiens au cœur de la Picardie. Elle culmine à 188m d’altitude. Elle fut au temps de la guerre de 100 ans une des sentinelles de la frontière française. Nous parcourons les rues pavées bordées de maisons du XVIIè et du XVIIIè siècles, maisons à colombages en bois et torchis ou en briques et silex que les habitants actuels doivent restaurer et entretenir dans le même style. Le long des façades croissent des rosiers grimpants déjà fleuris, des roses trémières pas encore en fleurs et de nombreuses autres fleurs. Nous suivons aussi les restes d’anciens remparts bordés d’arbres, passons sous la Tour Porte, nous arrêtons devant la halle-hôtel de ville et son puits profond de 70m. Nous grimpons vers la collégiale Saint-Pierre construite en 1015, brûlée en 1419 et reconstruite de 1451 à 1468 avec un clocher érigé près d’un contre fort de l’ancien donjon aujourd’hui disparu. Sa voûte est un plafond en carène renversée et sa nef renferme quelques tapisseries de Beauvais. Puis, nous nous dirigeons vers la maison de Henri Le Sidaner . C’est un peintre ami des impressionnistes qui vit à Versailles mais désire s’installer à la campagne. Sur les conseils de Rodin, il découvre Gerberoy et s’y installe en 1901.
C’est lui qui est à l’origine de l’installation de tous les rosiers qui bordent les maisons. Puis, il crée sur plusieurs parcelles des ruines de l’ancien château fort un jardin à l’italienne constitué de 3 jardins monochromes : le jardin blanc, la roseraie, le jardin jaune et bleu. Dans ces jardins, il plante des rosiers, des buis, des hortensias, des glycines…. agrémentés de sculptures, vasques, gloriettes, pergolas. Dans sa maison, transformée en musée, on peut voir de nombreuses copies de ses peintures. Beaucoup d’originales ont été vendues aux USA. On peut voir aussi son buste et ceux de sa famille.
Malheureusement, on ne peut pas s’éterniser dans ces jardins qui nous offrent une vue magnifique sur les toits de Gerberoy et de la campagne environnante.
A 17h15, il faut être impérativement au bus, les horaires du chauffeur nous obligent à ce qu’il soit à Caudry à 20h30. Nous repartons pour le voyage du retour qui se fait sans problème . Dans une aire de repos de l’autoroute, nous nous arrêtons pour « la pose technique » et la dégustation des bulles habituelles bien rafraîchissantes.
A 20h, nous déposons nos amis de Cambrai et à 20h31 nous arrivons à Caudry ( ouf ! ) contents de notre journée riche en découvertes mais bien fatigués par toutes les promenades merveilleuses que nous avons faites.
Article de Denise DEBOURGIA et photos de Claude LEVEQUE