Le 20 Octobre 2022, nous avons fait les taupes et des bêtises. En effet, Multi’form a entraîné 45 personnes dans les souterrains de la Citadelle de Cambrai, dans les galeries minières de la mine de Lewarde et à la confiserie Despinoy de Fontaine-Notre-Dame fabriquer des bêtises de Cambrai.
Nous partons de Le Cateau, Caudry et Cambrai vers 8h, sous la pluie, dans un bus conduit par notre éternel Roger.
Vu le court parcours que nous faisions ce matin, je ne pensais pas avoir notre habituel croissant. Mais si ! A cause de la pluie, nous l’avons dégusté, à l’arrivée à la confiserie, dans la salle de vente.
Vers 9h30, on nous invite à pénétrer dans la salle de fabrication des bonbons où nous voyons quelques machines et 2 employés qui travaillent.
La confiserie Despinoy, née en 1880, a retrouvé un nouvel essor sous la houlette de René Campion lors de sa reprise en 1972 et c’est son fils qui nous reçoit aujourd’hui. Il nous raconte la légende de la fabrication de ce bonbon. Ce bonbon serait né au XIXè siècle d’une erreur de l’apprenti confiseur qui aurait mal dosé sucre et menthe et aurait insufflé de l’air dans la pâte après avoir laissé brûler son sucre au fond de la marmite. Jules Despinoy aurait dit en grondant son mitron : « Tu ne sauras faire que des bêtises dans ta vie ». La réprimande et la faute commises traitées de « bêtises » furent au final un véritable succès.
Monsieur Campion nous montre comment il fait ce bonbon. Dans un vaste chaudron chauffé, il verse un seau de sucre saccharose ( le sucre de betterave) et un seau de sucre glucose ( sucre issu de céréales comme le blé). Très vite ce sucre se transforme, sous la chaleur, en une pâte blonde qu’il verse sur une table métallique froide. Puis sur un coin, il verse du caramel, sucre qui a cuit plus longtemps et qui est devenu de couleur brune. Pendant le refroidissement, il retourne l’ensemble plusieurs fois puis il découpe la partie plus brune pour la séparer du reste.
Après plusieurs manipulations et quand il juge que la température est convenable, il lance la pâte sur un pétrin. C’est une machine à 3 bras qui tournent régulièrement. Très vite, on voit que la pâte change de couleur. Elle blanchit. Monsieur Campion nous explique que c’est comme quand on bat des blancs d’œufs. C’est l’air qui entre dans la pâte qui la blanchit. Pendant le pétrissage, il ajoute très peu d’extrait de menthe. Puis, il fait de cette pâte un gros boudin qu’il met dans un moule allongé. Autour de ce boudin, il enroule un autre boudin plus fin fait avec la pâte brune. Cela fera le petit trait brun que l’on voit sur la bêtise. Sur cette autre machine, le boudin devient une fine cordelette qui sera ensuite tranchée et empaquetée pour faire le fameux bonbon que nous connaissons tous sous le nom de « bêtise ». Avec la pâte de 45kg on peut faire 9000 bonbons de 5g chacun.
Et bien sûr, nous avons dégusté ce bonbon encore tout chaud.
Depuis, la confiserie a ajouté d’autres parfums comme la violette, la pomme. Le dernier en date est celui au coquelicot que nous avons aussi goûté.
Comme nous l’avons vu la confiserie Despinoy est encore de fabrication artisanale
Bien sûr nous passons à la boutique pour y faire nos achats comme entre autre de la crème de menthe que l’on sert en digestif.
Puis, nous reprenons le bus pour un retour vers Cambrai. Nous arrivons à la Citadelle du coté du centre des Impôts.
Nous arrivons dans un ancien fortin où le guide, Aymeric, nous donne quelques explications historiques.
La citadelle fut bâtie sur le point le plus haut de la ville à 80m d’altitude. C’est Charles Quint qui fit venir des architectes italiens. Ils abattirent l’Abbaye du Mont-des-Bœufs et quelques centaines de maisons pour laisser la place à une forteresse formée par un quadrilatère et terminée par 4 bastions. Après la prise de la ville par Louis XIV, Vauban améliore la citadelle en lui ajoutant des demi-lunes, des redoutes et des talus pour permettre une meilleure défense. Au XIXè siècle la citadelle ne fut pas épargnée. La quasi totalité des structures entourant l’endroit fut abattue ou enterrées
Le guide nous invite à mettre un casque de chantier sur la tête. Nous en auront besoin en fin de parcours.
Nous descendons une vingtaine de marches assez raides et inégales puis nous circulons dans un dédale de pierres et de briques sur un sol inégal à 18m de profondeur.
Nous marchons sur un peu plus de 1km.
Tout au long de la visite, le guide nous donne des explications historiques et militaires. A partir de 1892, les fortifications furent démantelées pour permettre le développement urbain. Les murailles furent nivelées et les fossés comblés. Certains ouvrages comme la Citadelle disparurent sous les fossés et devinrent souterrains.
Nous suivons un long couloir voûté percé d’embrasures de tirs qui suivaient le périmètre de la citadelle. Au niveau des bastions, des couloirs de briques furent rajoutés, entre le XVIIè et le XIXè siècles pour améliorer la défense de la ville.
Les souterrains n’étaient pas un lieu de vie mais un endroit où les soldats montaient la garde et défendaient la ville. Il leur arrivait de s’ennuyer alors ils gravaient leur nom ou des messages dans la pierre calcaire comme ce Machu Ch. L. né en 1891 à Caudry !
Vers la fin de la visite le plafond se fait plus bas d’où l’intérêt des casques surtout si on mesure plus de 1m50. La visite se termine par une grande salle, « la chapelle », non donnée à une porte retirée et où pendant la révolution française, on y célébrait des offices. Cette salle mesure 10m de haut et a un éclairage orangé qui met en valeur d’importants contreforts.
Maintenant, il faut remonter. Il faut de bonnes jambes et surtout un bon souffle. Nous arrivons près de l’ancienne poudrière. De nombreux bâtiments sont encore debout comme le logement des militaires et l’arsenal qui est devenu une grande salle de sports.
A midi, nous retrouvons le bus qui nous conduit au restaurant « le Château de la Motte »
Nous sommes accueillis dans une belle salle bien claire où nous mangeons :
◦ un kir et ses biscuits salés
◦ une terrine de gibier à l’ail fumé
◦ un filet d’aiglefin au chorizo et petit épeautre
◦ un moelleux au chocolat et crème anglaise
◦ boisson : vin blanc, vin rouge, eau plate, eau pétillante, café
A 14h, nous reprenons le bus pour nous rendre au centre historique minier de Lewarde
Nous sommes accueillis par une guide très dynamique et connaissant son sujet. J’ai appris plus tard qu’elle était arrière petite fille d’un mineur de fond. Sur le Carreau de la fosse Delloye, elle nous donne quelques explications historiques. Le premier filon fut découvert en 1660 et l’exploitation minière s’est déroulée sur 3 siècles du XVIIIè au XXè siècle. Le bassin minier s’étend sur 100 km de long et seulement 4 à 12km de large sur la région du Nord et du Pas-de-Calais. Plus de 2 milliards de tonnes de charbon ont été extraites du sous-sol. La dernière berline fut remonté en décembre 1990.
Avant de descendre dans le fond, elle nous entraîne vers les berlines pleines remontées du fond qui contiennent du charbon mais aussi des schistes et des grès. Ces berlines sont placées dans des culbuteurs qui renversent leur contenu à un niveau inférieur sur un tapis de triage. Là des jeunes femmes (les cafus du nom du voile qu’elles se mettaient sur la tête pour protéger leurs cheveux ) et des garçons ( les galibots) font le tri à la main. Les roches stériles sont envoyées sur un tas qui deviendra le terril que nous connaissons aujourd’hui.
Puis, nous entrons dans l’ascenseur . Bien sûr celui-ci est moderne et sécurisé. Il ne représente pas du tout ceux de cette époque. Un bruit assourdissant nous amène dans une galerie.
Bien entendu, ici nous sommes dans un musée. Tout ce que nous voyons est une reconstitution des galeries anciennes avec des mannequins au travail , habillés comme à leur époque, travaillant des outils qui eux sont d’origine. D’ailleurs tout le matériel que l’on voit dans ces galeries est authentique. Nous traversons des galeries au soutènement en bois avec des mineurs qui travaillent sans protection réelle comme sous l’époque du Germinal d’Émile Zola. De temps en temps, la guide actionne une de ces machines pour entendre le bruit dans lequel ces mineurs travaillaient. Puis au fur et à mesure de notre déambulation nous voyons les améliorations apportées comme le soutènement en métal ou des outils plus performants etc…. Mais le travail du mineur reste toujours pénible et dangereux comme la silicose maladie des poumons due à absorption des poussières de charbon ou encore l’explosion du grisou qui a fait quelques milliers de morts. Au début les berlines pleines étaient poussées par les femmes ou les garçons. Puis vint l’ère du cheval puis celle de la mécanisation.
A la fin de notre visite nous sortons directement sur le terrain du musée preuve que nous n’étions pas descendus dans les galeries mais dans des galeries reconstituées en surface pour les touristes que nous sommes.
Nous avons ensuite quartier libre jusqu’à 17h pour visiter toutes les salles d’expositions. Ainsi, nous voyons la lampisterie où les mineurs déposent leur lampe d’éclairage, la salle des pendus où les mineurs déposent leurs vêtements, le bureau de l’ingénieur, celui du comptable. On peut voir aussi une reconstitution de la vie du mineur avec l’ intérieur de sa maison dans les corons, le bar où avant la descente, le mineur venait prendre un peu de gnôle. On peut voir aussi une exposition d’habits de fête polonais . En effet à cette époque beaucoup de polonais venaient travailler pour les Houillères. On peut voir aussi une exposition sur l’origine du charbon qui date du Carbonifère avec de nombreux échantillons de fossiles de végétaux.
On continue par la verrière des machines où on peut voir toutes les grosses machines qui ont servi au fil du temps comme le treuil d’extraction ou la machine à vapeur.
Enfin, on termine par la boutique où on peut acheter cartes postales, livres ou différents petits objets rappelant la mine.
Nous retournons au bus et là sur le parking, nous prenons nos bulles habituelles sous un soleil revenu . Il fait même chaud puisqu’à 18h, le thermomètre du bus indique 21°C
Puis, nous reprenons la route qui se fait sans problème. A 19h chacun retrouve son chez-soi fatigué mais content de cette belle et bonne journée
A bientôt pour une autre sortie
Article et photos de Denise DEBOURGIA