Le 25 Avril 2019, Multi’form a emmené 61 personnes en Picardie près d’Amiens visiter la cité souterraine de Naours le matin et le site archéologique de la préhistoire à Samara l’après-midi.
Sous une petite pluie fine, le car du Cambrésis conduit par Thierry est venu nous chercher à Le Cateau, Caudry et Cambrai entre 7h 30 et 8h. Nous prenons l’autoroute et nous nous arrêtons sur une aire pour la pose technique et le petit déjeuner traditionnel : croissant et boisson. Pendant le voyage, sans problème, Joël nous distribue nos badges rouges ou bleus pour nous partager en 2 groupes

A 10h, nous arrivons aux portes de cette cité souterraine de Naours et 2 guides nous accueillent .
Manon, la guide du groupe bleu, nous montre un plan de ces souterrains dont le 1/3 seulement est accessible aux visiteurs. Nous entrons assez rapidement pour éviter ce petit crachin désagréable qui refroidit l’atmosphère. Et Manon, de sa voix claire et audible, nous raconte l’histoire de ce lieu.
Ce site a dû être creusé dans la colline par l’homme au Xè siècle pour exploiter les pierres calcaires qui servaient à amender les sols puis à bâtir quelques maisons. Puis vers le XVIè siècle, au moment des invasions, les villageois ont continué à creuser pour y aménager des muches ( des cachettes en langue picarde ) afin de s’y réfugier avec famille, cheptel et provisions en cas d’incursions. Puis après la Révolution Française, le site est laissé à l’abandon jusqu’en 1887 où le curé de Naours l’abbé Danicourt, qui a entendu parlé de ces souterrains par des anciens du village, a décidé d’en faire la recherche.
Avec l’aide de ses paroissiens, il redécouvre l’entrée de la ville souterraine et pendant plusieurs années, il se consacre à l’exploration du réseau et à sa remise en état. Il en a fait une telle publicité que 75 personnes venant de partout sont venues lui donner un coup de main. Pour remercier tous ces gens, l’abbé Danicourt a fait élever, dans une salle, une stèle portant tous les noms des participants et leur lieu d’habitation.
Pendant cette remise en état, l’abbé a découvert une grande quantité d’objets usuels lui permettant de comprendre le mode de vie dans ces muches et de dater l’occupation. Il a aussi découvert un trésor de 20 pièces d’or dans une petite muche qu’il a baptisé Salle du trésor

C’est ce que Manon nous fait découvrir pendant 1h30 qu’a duré la visite. Sur un sol inégal, à 33m sous la colline, nous parcourons des galeries hautes de 1,60m à 2m sous une température de 9°5.
Nous voyons de nombreuses muches plus ou moins grandes selon le nombre de personnes de la famille à qui elles appartiennent. Nous allons à la chapelle où sur l’autel nous voyons un creux qui devait recevoir les objets du culte. Au dessus se trouve une niche avec la statue de Sainte Philomène, statue qui a été donnée récemment par un habitant du village qui voulait s’en débarrasser. Sur les murs, on peut voir aussi les symboles du Christ.
Manon nous montre aussi des cheminées qui servaient à faire du feu mais pour éviter que la fumée sortant à l’extérieur ne dévoile la présence des habitants, ceux-ci ont eu l’idée de lui faire faire un coude pour que la fumée sorte d’une maison du village. Une autre cheminée était une cheminée d’aération que l’abbé Danicourt a fait fermer d’un plancher surmonté d’une construction factice au dessus de la colline et représentant une chapelle.
Nous voyons aussi une auge pour la nourriture des animaux, une salle des fêtes avec une grosse pierre lisse qui aurait pu servir à découper, un piège c’est à dire un passage si bas de plafond que des assaillants qui auraient poursuivi des habitants dans leur retraite se fracassaient la tête sur le bord du rocher et la fameuse salle du trésor dans laquelle ils ont aussi trouvé des mousquets ( donc des mousquetaires de louis XIV y auraient aussi trouvé refuge à cet endroit) . L’abbé a aussi trouvé de nombreux ossements d’animaux qu’il a rassemblés dans une muche.
Dans une autre salle, l’abbé Danicourt a fait installer une statue de la Vierge et l’enfant. Il a aussi fait consolider certains endroits menaçant ruine en cimentant un mur par ici ou installant un tas de pierres solides ou encore en fermant une structure fragile. Il a aussi donné le nom des rues du village aux souterrains : 2 souterrains qui se croisent portent le même nom que 2 rues qui se croisent dans le village. Ainsi les villageois pouvaient se repérer facilement dans ce dédale de couloirs ! Ainsi ce site a connu une notoriété publique qui fait que de nombreux visiteurs étrangers sont venus le visiter à partir de 1905.
Aussi pendant la 1ère guerre mondiale, il n’a pas servi aux militaires mais aux soldats, qui loin de chez eux comme les Canadiens ou les Néo-Zélandais, pendant leur permission ou leur repos sont venus visiter le site et ont laissé des graffitis : leur nom, leur nationalité et quelquefois leur matricule écrits sur les murs. Ainsi, les amis de la société française d’archéologie ont essayé de retrouver les descendants de ces soldats et en ont retrouvé quelques uns.
Manon nous a raconté une anecdote qui lui est arrivée. Un jour, elle reçoit une touriste néo-zélandaise qui recherchait le tag de son grand-père dans ce site. Le hasard a voulu que Manon travaillait justement sur cet ensemble. Elle a donc pu montrer le nom de ce grand-père à cette dame qui en a pleuré d’émotion.

Pendant la seconde guerre mondiale, le site fut occupé par les Britanniques qui s’en sont servi comme réserve de matériel et carburant . Puis en 1941, ce sont les Allemands qui l’ont utilisé comme entrepôt. Après la libération, les souterrains sont saccagés puis rouverts au public dès 1949 après remise en état .
Nous remontons vers la sortie et voyons un autre monument érigé en l’honneur de tous les soldats, monument qui a été honoré récemment par une délégation de Néo-zélandais en déplacement en France. Puis, nous passons devant un calvaire érigé par l’abbé Danicourt. C’était sa marotte d’ériger des calvaires. Il en a placé 8 dans le village à l’occasion d’un événement particulier comme par exemple le passage d’un roi près du village.

A la fin de notre visite, nous passons dans un petit musée représentant les métiers d’autrefois autour de 14 personnages en cire dans leur environnement typique comme le forgeron, le bourrelier, le maréchal ferrant, la tisseuse, le vannier, le teilleur de lin, le rémouleur etc ….
Nous n’avons plus le temps de nous promener dans le parc. Le bus nous attend pour nous conduire au restaurant du site de Samara près du village La Chaussée-Tirancourt.
Nous y arrivons vers 13h et nous mangeons un repas gallo-romain :
◦ en apéritif : la boisson des dieux : un verre de cidre
◦ en entrée : une assiette de charcuterie bien fournie
◦ en plat : poulet à la Fronton : une cuisse de poulet frit avec une purée de pois cassés
◦ en dessert : patina aux poires ?? des poires prises dans une crème blanche et fade dont personne n’a pu définir ce que c’était
◦ en boisson : de l’eau, du vin rouge et un café
A 14h20, nous partons, à pied, vers le site de la préhistoire de Samara et nous sommes accueillis par 2 guides. Celui du groupe bleu nous a donné de nombreux renseignements sur la vie des premiers hommes.
D’abord, il nous entraîne vers le musée en nous prévenant que tout ce que nous allions voir ce ne sont que des reconstitutions : habitations, outillage. Les vrais objets retrouvés sur le site sont dans divers musées de la région.

Nous passons sur une première installation qui nous parle de la présence du premier homme : l’homme de Néandertal de 700 000 à 300 000 ans avant notre ère grâce à la découverte de galets grossièrement taillés puis de bifaces faits dans des silex. Ces bifaces servaient pour couper du bois, découper la viande, racler les peaux de bêtes. Bêtes qu’ils tuaient grâce à de longs bâtons dont la pointe était effilée au biface et brûlée dans la braise. Le climat étant froid, l’homme du Paléolithique était un chasseur nomade qui suivait les troupeaux de rennes dans un environnement steppique. Il utilisait donc ce qu’il possédait pour se loger dans des huttes faites de peaux de bêtes et maintenues par des branches de bouleaux ou de pins. Pour se couvrir de peaux de bêtes, il cousait à l’aide d’une aiguille faite d’un os fin et de fils tirés de tendons et de nerfs de ces bêtes tués à la chasse. Il ne s’attaquait jamais aux rhinocéros ou aux lions trop dangereux mais présents à cette époque évoqués sur des peintures murales retrouvées.

Puis, nous passons au Néolithique vers 130 000 ans avant notre ère où des Homo Sapiens ou homme de Cro-Magnon, migrants venus de l’Est, ont absorbé l’homme de Néanderthal et l’ont fait
disparaître. Ces hommes étaient des chasseurs-cueilleurs. Le climat s’étant radouci, ces hommes s’installent dans la région, colonisent les vallées, deviennent éleveurs- agriculteurs, apprivoisent le loup, élèvent des bœufs, des moutons, des porcs, fabriquent de nouveaux outils, inventent la céramique, cultivent des céréales, du lin, inventent le métier à tisser. Des habitations en torchis sont construites. Les trocs s’installent entre les communautés.
Vers 3 000 avant JC arrivent les sépultures funéraires comme des mégalithes
Puis, ces hommes travaillent le bronze, alliage de cuivre et d’étain, puis le fer. Avec les échanges, des rivalités se font jour et des batailles se font entre communautés. On fabrique alors des armes, des armures, des boucliers etc ….Les Celtes, qui habitent, à cette époque, la région, sont de bons combattants, valeureux que l’on compare à des sangliers. C’est pour cela que nous ne verront jamais un Celte manger du sanglier comme le montre la BD d’Astérix et Obélix d’Uderzo !!Par contre, ils mangeaient du chien. C’est Jules César qui leur a interdit ce menu en référence à la Louve de Romus et Romulus.
Jules César convoite cette région qu’il baptise la Gaule et ses habitants les Gaulois. C’est alors la guerre des Gaules et la fin de la Préhistoire.
Après cette visite dans la préhistoire de l’homme, notre guide nous entraîne à l’extérieur où sont installées diverses habitations montrant la façon de vivre à ces différentes époques. Heureusement le soleil est apparu.

Nous passons devant les tentes de forme sphérique des néandertaliens faites de branchages recouvertes de peaux de bêtes. Nous n’avons pas le temps de nous y arrêter.
Nous entrons dans une longue maison du Néolithique légèrement trapézoïdale de 28 m de long composée de 5 rangées de poteaux qui soutiennent des murs en torchis et la charpente recouverte de chaume. Dans ces maisons, habitaient les familles sur plusieurs générations.
Là, notre guide nous a montré comment faire du feu. Ce n’est pas en frottant 2 silex entre eux que l’on peut obtenir du feu comme on l’a cru pendant longtemps à cause d’archéologues qui ont pensé à cette façon de faire sans l’essayer au préalable.

Notre guide a d’abord frotté un champignon sec, particulier, tiré d’un tronc d’arbre pour obtenir une poudre appelée amadou. Puis au dessus, il a frotté un silex sur une pierre contenant des grains de fer, de la pyrite. Cela donne des étincelles qui brûle l’amadou. Il pose sur le dessus une poignée de paille qui s’enflamme. Et voilà, nous avons du feu !!!!
Puis, nous nous dirigeons vers une habitation gauloise, plus petite avec le foyer au milieu et au dessus duquel pend un chaudron dans lequel la nourriture cuit de longues heures, chaudron que l’on peut remonter ou descendre selon le degré de cuisson à l’aide d’une chaîne.

Dans cette maison, on peut voir aussi un métier à tisser.
Près de cette maison, existent des constructions sur pilotis. Ce sont des greniers à céréales ou de nourritures placées à cet endroit afin que des rongeurs ne puissent y grimper.
On peut voir aussi un enclos pour le bétail fait de branchages entrelacés.
On ne peut pas s’éterniser. Il nous faut impérativement être à 17h15 au bus. Et pourtant, il y a bien d’autres choses à voir comme des stands montrant la façon de faire de certains métiers.
Nous traversons un parc bien entretenu avec toutes sortes d’espèces végétales . En fait, il aurait fallu passer la journée sur ce site tellement tout ce que j’ai vu m’a paru intéressant.
A 17h30, nous repartons, direction Amiens puis l’autoroute où nous nous arrêtons pour boire les bulles traditionnelles sous le soleil revenu.
Nous continuons ensuite notre voyage du retour où chacun regagne ses pénates, bien fatigué mais content de cette journée riche en découvertes anciennes voire préhistoriques.
Article de Denise DEBOURGIA et photos de Claude LEVEQUE